SPECTRES V
Diffusion
Marja Ahti
Scott Arford
Nicolas Debade
Michael Gatt
Tim Ingold
Rolf Julius
Jules Négrier
John Richards
Marina Rosenfeld
Hildegard Westerkamp
Randy Yau
(ORDER HERE)
96 + 104 pages
Thread sewn softcover
First printing : 2500 copies
June 2025
Bilingual edition French/English
(all content included in both languages)
Editors François Bonnet and Bartolomé Sanson
Editorial Committee François Bonnet, Nicolas Debade, Jules Négrier, Bartolomé Sanson
Translations Robin Mackay and Valérie Vivancos
Proofreading Nicolas Debade, Robin Mackay, Jules Négrier
Design Bartolomé Sanson
FORWORD
In a 1955 pamphlet entitled Seven Years of Musique Concrète, Jacques Poullin wrote:
[...] sound projection in a concert hall is a logical extension of the concerns of the Groupe de Recherches de Musique Concrète and requires its technicians to properly study multiple aspects of the problems of sonorisation that are often neglected and to date have been almost exclusively the preserve of ‘public address’ technicians.1
From the very beginning, fixed media electroacoustic music in its various guises faced a significant challenge: that of how it could be shared with the public. Even before it was distributed in the form of records, musique concrète, having first been transmitted on radio, soon turned to the concert stage. From the time of its birth, a twofold question was posed: What strategy of diffusion could be used for this music which involves no live performers? But also, how could it make use of existing systems of sound amplification without losing its singular nature, making sure to preserve its own particularities? Identified very early on, these questions have lost none of their pertinence some seventy years later.
Under pressure from the cultural industries and faced with a largely commercially-driven standardisation of formats, it is important today to reaffirm both the singular nature of experimental electroacoustic practices, and the possibilities these practices open up beyond standards and rules.
This calls for an exploration of the vast domain of sound creation in which, here and there, ideas, concepts, and sometimes new works appear that fully embrace the question of the deployment of sound, its dissemination and its expansion. An exploration focussed on the listening experience—a fundamentally musical experience—but adopting a critical approach which may sometimes call into question traditional ways of sharing and listening to sound, the status of listener and creator, and which may even challenge the acoustic integrity of venues and the legitimacy of diffusion systems.
Such are the questions to be addressed here. Sketching out the contours of what is quite obviously a huge subject, this volume, drawing upon a wide variety of points of view, experiences, and ideas, hints at an entire critical apparatus that remains to be developed and consolidated, but is crucial given the primordial importance of the theme of dissemination. For dissemination is the transitional stage par excellence, the uncertain stage that sits between creation and reception while at the same time determining both. It is a critical stage, yet one that is often neglected or, as Poullin says, left to a technical intermediary who may impose conditions entirely exogenous to questions of music and listening.
For these reasons, it seems more necessary than ever to return to the experience of sounds, to once again listen attentively to their trajectories, their diffraction in space, their emergence and their disappearance. To get to grips with the mysteries of their deployment so as to reaffirm that this deployment is essential to them.
—
1. Jacques Poullin, ‘Application de la musique concrète aux techniques de radio et télévision’, in Radiodiffusion-Télévision Française, Groupe de Recherches de Musique Concrète, Sept ans de musique concrète (1948–1955) (Paris: Centre d’études radiophonique, 1955), 25.
AVANT-PROPOS
Dans un petit opuscule intitulé Sept ans de musique concrète, publié en 1955, on peut lire, de la plume de Jacques Poullin, le passage suivant :
« […] la projection sonore en salle de concert constitue une suite logique aux préoccupations du Groupe de Recherches de Musique Concrète et oblige ses techniciens à étudier convenablement les multiples aspects des problèmes de sonorisation souvent négligés et qui ont été, jusqu’ici, l’apanage, à peu près exclusif, des techniciens du ‹ public address ›1. »
Dès leurs débuts, les musiques issues des techniques électroacoustiques et enregistrées sur support ont été confrontées à un défi de taille : celui de leur partage en public. En effet, avant même d’être distribuée sur disque, la musique concrète, d’abord radiodiffusée, s’est rapidement destinée au concert. Dès sa naissance, une question double se posa : quelle stratégie de diffusion adopter pour faire entendre de telles musiques, dépourvues d’exécutant sur scène, mais, également, comment s’insérer dans des dispositifs d’amplification sonore préexistants tout en gardant sa singularité et en préservant ses enjeux propres. Ces interrogations, identifiées très tôt, sont toujours d’actualité, soixante-dix ans plus tard.
Face aux pressions des industries culturelles, face à la standardisation des formats établie selon des problématiques principalement commerciales, il paraît important de réaffirmer la singularité des pratiques électroacoustiques et expérimentales, des possibilités offertes par elles, au-delà des standards et au-delà des règles.
Il s’agit alors d’explorer ce vaste territoire de la création sonore où fleurissent, çà et là, des idées, des concepts, des œuvres, parfois, qui embrassent intégralement la question du déploiement du son, de sa diffusion, de son expansion, dans une démarche tournée tout entière vers l’expérience d’écoute qui est une expérience fondamentalement musicale ; dans une démarche critique, aussi, qui peut parfois remettre en cause les schémas traditionnels du partage du son et de l’écoute, du statut de l’auditeur et du créateur et même mettre au défi l’intégrité acoustique des lieux ou encore la légitimité des dispositifs de diffusion.
Ce sont de telles questions qui sont abordées ici. Cet ouvrage, esquissant les pourtours d’un sujet éminemment vaste, évoque, à travers une grande variété de points de vue, d’expériences et d’idées, tout un appareil critique qui reste à développer et à densifier tant ce thème de la diffusion semble primordial. Car la diffusion est l’étape transitoire par excellence, celle qui flotte entre la création et la réception tout en les déterminant l’une et l’autre. C’est une étape critique pourtant souvent négligée, ou, comme évoqué plus haut, laissée aux soins d’un intermédiaire technique qui impose des conditions exogènes aux enjeux de la musique et de l’écoute.
Alors, il semble plus que jamais nécessaire de retourner à l’expérience des sons, de se remettre à l’écoute de leur trajectoire, de leur diffraction dans l’espace, de leur émergence et de leur disparition. Se ressaisir des mystères de leur déploiement pour en réaffirmer le caractère essentiel.
—
1. Jacques Poullin, « Application de la musique concrète aux techniques de radio et télévision », in Radiodiffusion-Télévision Française, Groupe de Recherches de Musique Concrète, Sept ans de musique concrète (1948-1955), Paris, Centre d’études radiophonique, 1955, p. 25.